La performance (au sens de l’efficience : faire plus avec moins d’efforts) est actuellement incontournable pour tout entrepreneur. Nous allons voir dans cet article (publié dans challenge.fr) une modélisation d’un entrepreneur performant.

Augustin Huret est polytechnicien, mathématicien, qui a travaillé pour Carlos Ghosn puis dans l’équipe dirigeante de Jack Welch chez GE, avant de devenir son propre patron grâce à la création d’un algorithme se fondant sur l’intelligence artificielle dans le domaine du Big data. Sa commercialisation a impacté autant de grandes entreprises du CAC 40 que la recherche médicale (cancer, malaria et l’asthme…). Il se lance dans de nouvelles aventures entrepreneuriales. Voici la stratégie de réussite d’Augustin Huret, par Grégory Le Roy, consultant en NeuroStratégies, pour Challenges.

Tels les bords d’un fleuve qui le définissent autant qu’ils le canalisent, la puissance d’Augustin Huret nécessite la présence de personnes qui l’aident par leur discernement à poser des limites à sa créativité et à gérer l’équipe au quotidien lorsqu’il est dans les projets R&D et face au client. Tout leader a besoin d’un (voire plusieurs) first follower(s) sans qui rien ne se fait.  Face à un obstacle majeur, il a notamment besoin d’être stimulé par une audience qui joue le rôle d’un adversaire métaphorique dans une joute verbale, qu’elle soit composée de 3 dirigeants ou 150 PhD [titulaires d’un doctorat, ndlr].

Une stratégie en 3 étapes

Une stratégie, pilotée par le cerveau et le système nerveux, associe des actions mentales (percevoir, réfléchir, ressentir, créer, collecter les feed-backs pour réajuster…), comportementales (décider et agir) et relationnelles (interagir). Elle utilise une combinaison unique de ressources (avec quoi).

Trois qualités sont particulièrement marquantes chez Augustin Huret et sont régulièrement partagées par les entre/intrapreneurs :

a) La ténacité et la résilience face à l’adversité, car il a échoué souvent et s’est toujours relevé. Contrairement à de nombreux camarades particulièrement doués pour les études, il avoue avoir travaillé dur pour rentrer à Polytechnique tout comme il confie avoir échoué pendant neuf ans avant d’arriver à un tournant majeur la 10ème année de recherche pour développer la technologie née de son imagination ;

b) Être convainquant et convaincre ;

c) Se mettre à la place du client. Récemment prouvée dans les laboratoires de neurosciences de Harvard, la capacité à se mettre à la place du client permet de voir et comprendre ce que « l’autre » peut faire dans son quotidien avec son produit/service.

Respectant le mode de fonctionnement optimal du cerveau (qui fonctionne en série et non en multitâches), une stratégie est en général structurée en trois phases séquentielles:

1.  Une vision qui superpose futur et présent. Pour atteindre des performances hors-norme, sur un terrain de sport autant qu’en entreprise, le cerveau modifie la perception de la réalité. Dans la première étape de sa stratégie -création visionnaire doublée d’une forte conviction scientifique, Augustin Huret a une capacité de vision au sens de canal sensoriel de prédilection. Cette dernière superpose le présent avec le futur envisagé, lui permettant de voir les opportunités à saisir en utilisant sa technologie. Être centré autour d’une idée unique qui est son algorithme lui permet une profondeur qu’un généraliste ne peut atteindre. Point d’orgue paradoxal de sa stratégie fondée sur l’alliance de sa créativité et ses connaissances scientifiques, sa capacité à « croire objectivement » transforme la réalité en la rendant possible.

2. Une tension générative entre création et action. Cette phase de maturation – il cherche beaucoup sans trouver … pour trouver facilement sans chercher – est composée d’une dynamique d’aller-retours entre l’intellectuel et l’opérationnel, la technique et le business, le show et le contenu.

3. L’action dans sa capacité à convaincre par une « joute verbale ». Grâce à ses croyances désormais conscientisées et la force qui en découle auprès de ses interlocuteurs,  convaincre signifie une victoire « sur » et « pour » les clients avec le souci d’enrichir la vision de l’autre.

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par Gregory Le Roy pour Challenges.fr